Le pénitencier de Kingston a ouvert ses portes en 1835 et, en tant que prison à sécurité maximale, a abrité bon nombre des criminels les plus notoires du Canada. Sinistre et imposant, The Pen était un exemple « d’architecture morale » des années 1800, conçue pour réformer les détenus par des régimes de silence, d’isolement, de formation religieuse et de travaux forcés.
Pour les écrivains de l’intérieur et de l’extérieur, The Pen a fourni cette toile de fond complexe nécessaire aux grandes œuvres – sombres et troublantes, superposées de souffrance et d’adversité, et de relations compliquées et complexes. Le roman de Margaret Atwood, Alias Grace, suit l’histoire de Grace Marks, une détenue (des femmes ont aussi été incarcérées au Kingston Pen entre 1835 et 1934, séparées des détenus masculins) condamnée pour meurtre. Le personnage de Michael Ondaatje, Carravaggio – rendu célèbre dans The English Patient mais qui apparaît pour la première fois dans In the Skin of a Lion – s’échappe du pénitencier (Ondaatje a vécu et étudié à Kingston pendant de nombreuses années, obtenant sa maîtrise de Queen’s University en 1967) :
Dans le livre, Carravaggio et deux autres détenus peinturent le toit de tôle du pénitencier en bleu. Carravaggio s’échappe en se peignant en bleu de la tête aux pieds, pour se fondre à la fois avec le toit du pénitencier et le ciel, un point d’intrigue évocateur qui capture le désir du détenu d’échapper à l’emprisonnement et d’être libre.
The Convict Lover (1996) de Merilyn Simonds a vu le jour après la découverte de lettres cachées dans le grenier de sa maison de Kingston, « preuve d’une relation illicite entre un condamné du pénitencier de Kingston et une villageoise », écrit-elle dans l’introduction d’une nouvelle édition. Les lettres ont été écrites juste après la fin de la Première Guerre mondiale. « C’est ainsi qu’a commencé une odyssée de huit ans pour découvrir l’identité de ces personnes et la vérité sur le pénitencier qui les a réunis et séparés. »
The Convict Lover est devenu un best-seller national et a été adapté en plusieurs pièces, dont Hot House (2016) par l’éminente dramaturge canadienne et ancienne Kingstonienne Judith Thompson.
À l’aide de ces quelques lettres, Simonds s’est plongé dans l’histoire du pénitencier, de ses conditions, de ses détenus, dont Joseph David Cleroux, le vrai épistolier. Elle a fait des recherches sur Phyllis Halliday, dans l’ancienne maison où elle avait trouvé les lettres, près de 70 ans après qu’elles aient été écrites. Dans The Convict Lover, elle montre au lecteur comment la communauté entourant le pénitencier a littéralement été façonnée par le travail de ses détenus.
« Lorsque les usines à l’intérieur de l’enceinte de la prison ont fermé, le pénitencier a trouvé du travail dans le village pour les condamnés. Ils ont rempli le marais et ont fait Aberdeen Park, transportant les pierres pour le petit hôtel de ville. Ils ont élevé les murs de l’église catholique romaine. Ils ont lissé les routes et réparé les trottoirs, passé des sacs en cuir pour les gardes et creusé des puits dans leurs arrière-cours, sécurisant les murs avec de la pierre savamment ajustée. »
Regardez un film tourné au pénitencier de Kingston par Clarke Mackey du poème d’Armand Garnet Ruffo, « On the Day the World Begins Again » sur l’incarcération des Autochtones dans le système carcéral canadien. Ruffo est professeur à Queen’s University, où il enseigne la littérature autochtone et la création littéraire. Ce poème figure dans son livre Treaty #, finaliste pour le Prix littéraire du Gouverneur général 2019 dans la catégorie poésie.
De plus, il vous est possible de voir la plaque de Project Bookmark pour honorer la place de The Convict Lover dans la littérature canadienne – la plaque est située dans Garrigan Park. Ce parc était autrefois le site d’une carrière où les détenus du pénitencier ciselaient du calcaire pour les bâtiments du village. À partir du pénitencier, dirigez-vous vers l’ouest sur King Street et marchez 2 pâtés de maisons, tournez à droite sur Yonge Street. Garrigan Park se trouve à 3 pâtés de maisons au nord, à l’intersection de Yonge Street et Church Street.