Si vous n’avez pas eu la chance de visiter le Pénitencier de Kingston (KP), vous avez intérêt à vous y mettre. La plus vieille prison à sécurité maximale – et la plus notoire – du Canada ouvre ses portes pour des visites à compter du 9 mai (billets maintenant en vente!). Entretemps, vous trouverez ci-après 7 faits concernant le Pénitencier de Kingston dont vous n’êtes pas nécessairement au courant afin de vous y préparer.
Les femmes et les enfants d’abord
Bien que le KP soit reconnu pour ses détenus tristement célèbres (notamment Paul Bernardo, Clifford Olson, Russell Williams), il était autrefois habité par des femmes et des enfants. En fait, des femmes y ont été incarcérées dès son ouverture en 1885 jusqu’en 1934, bien qu’elles étaient séparées de la population masculine. Une des détenues féminines, Grace Marks, a même servi d’inspiration à Margaret Atwood pour son roman nommé Alias Grace. Dans les premiers temps du pénitencier, on y envoyait également des enfants. Un garçon de huit ans, Antoine Beauche a été le plus jeune de ceux-ci, emprisonné pour le rôle qu’il a joué dans une affaire de pickpocket à bord d’un bateau vapeur sur le fleuve Saint-Laurent.
Le détenu le plus imbécile du Canada?
Aux alentours de 1847, un ancien détenu s’est introduit par effraction dans le KP. C’était quelques jours avant Noël et, étant sans le sou, mais ayant travaillé pour le Directeur adjoint du KP, il savait où trouver la petite caisse de la prison. Il s’est donc procuré une échelle, a grimpé au sommet du pénitencier et s’est basculé au bas du mur. Il a trouvé l’argent et lorsqu’il a essayé d’escalader le mur grâce à la corde, celle-ci s’est rompue. Le matin suivant, KP avait un détenu supplémentaire, celui-ci écopant de 18 mois supplémentaires derrière les barreaux.
L’émeute de 1971: L’inspiration d’un auteur?
L’émeute de quatre jours qui a eu lieu en avril 1971 a été la pire de l’histoire du KP et a eu pour résultat la mort de deux détenus, deux gardiens de prison étant également pris en otage. Les raisons invoquées par les détenus pour cette contestation comprenaient un manque d’activités récréatives, un manque de travail et leurs préoccupations au sujet de leur avenir à la prison de Millhaven. L’ancien détenu Wayne Ford a cependant invoqué une autre raison : « le tout a commencé en raison de Brian Knight, un homme à son troisième séjour. Brian était en train de rédiger un livre, et la seule expérience qu’il lui manquait pour terminer son livre était une émeute. Il a donc demandé à d’autres prisonniers d’en faire une. C’est fou, non? »
Emplacement, emplacement, emplacement
L’emplacement du KP a été choisi lorsque Hugh Thompson, le rédacteur en chef du Upper Canada Herald, a recommandé par écrit au gouvernement, dès 1826, qu’un pénitencier soit construit dans sa ville de Kingston, en pleine expansion à l’époque. On l’a finalement écouté en faisant l’achat de 40 hectares environ 3 kilomètres à l’extérieur de la limite ouest de la ville, considérée à l’époque comme étant suffisamment éloignée de la population tout en étant suffisamment proche pour y faire des affaires. Ils ont également choisi cet emplacement parce qu’il cumulait « les avantages d’une excellente salubrité, d’un accès facile à une source d’eau et une grande quantité de calcaire fin. »
Qu’est-ce qui lui a bien pu lui passer par la tête?
Charles Dickens a visité Kingston et son pénitencier en 1842 et a écrit dans ses Notes américaines (American Notes for General Circulation), « on compte ici une prison admirable, judicieusement bien régie en plus d’être règlementée d’une excellente manière à tous les égards. Il en rajoute : « on trouve un pénitencier à Kingston, géré de façon intelligente et humaine. » Il n’était apparemment pas au fait des conditions brutales auxquelles les prisonniers faisaient face à l’époque. Par exemple, Antoine Beauche, le garçon emprisonné de huit ans, a été fouetté 47 fois en l’espace de neuf mois pour avoir enfreint les règles internes comprenant fixer du regard, rire, siffler, pouffer de rire et ne rien foutre.
Le traitement du silence
Quelques-unes de ces conditions brutales sont soulignées dans la règlementation de l’institution, publiée le 22 octobre 1836. Parmi celles-ci, une disposition exigeait des détenus qu’ils « ne rompent pas le silence », c’est-à-dire qu’ils « ne doivent pas se parler entre eux en toute circonstance. » Ils ne pouvaient également se partager des « coups d’œil, des clins d’œil, des rires, des hochements de tête ou s’échanger des gestes. » Et lorsque la cloche sonnait pour les convoquer au réfectoire, ils devaient sortir de leurs cellules « en ordre et marcher le visage faisant face [dans une direction seulement]. » En cas de désobéissance, la menace suivante planait au-dessus de leurs têtes : « un châtiment corporel sera infligé sur le champs. »
La première journée de Hemingway
Le 11 septembre 1923, au cours de sa première journée comme reporter au Toronto Daily Star (maintenant connu sous le nom du Toronto Star), Ernest Hemingway, 24 ans à l’époque, a été affecté à KP pour couvrir l’évasion spectaculaire qui s’y était déroulée la journée précédente. Son reportage de 2 600 mots a offert tous les détails de l’évasion audacieuse de cinq détenus, comprenant un cambrioleur nommé Norman « Red » Ryan, décrit par Hemingway comme étant un « homme trapu au visage couvert de taches de rousseur dont le chapeau de prisonnier ne pouvait contenir une chevelure enflammée. » Ryan a été capturé environ un an plus tard lorsqu’il est passé prendre son courrier à Minneapolis, aux États-Unis. On l’a renvoyé à Kingston où il a subi 30 coups de fouet et a été condamné à la réclusion à perpétuité.
Nous vous encourageons à visiter le Pénitencier de Kingston pour y voir l’endroit où se sont déroulé toutes ces histoires, et j’en passe. Les billets sont maintenant en vente en ligne sur kingstonpentour.com et vous pouvez réserver vos forfaits pour la visite du Pénitencier de Kingston en cliquant ici.